La rédaction du Groupe Média Africa-Talents par le canal de son site en ligne www.africa-talents.com a recueilli cette semaine les propos du journaliste radio Narcisse prince Agbodjan sur la situation du métier du journalisme au togo et plus précisément des conditions de vie et de travail du journaliste togolais.
Découvrons en intégralité ces propos
Le Journaliste togolais doit agir pour une meilleure condition de vie et de travail.
Outre sa situation de précarité, la mort le frappe comme un fouet !!!
C’est la fin des activités marquant la Journée Internationale de Liberté de presse au Togo. Les réalités de la presse togolaise pour sa part resteront inamovibles.
La soirée du T des médias de ce samedi 26 mai marquera l’apothéose de la célébration de la Journée Internationale de la Liberté de presse de cette année au Togo. Après ma réflexion du 03 mai dernier sur les plateformes, plusieurs confrères se sont félicités de cette démarche. D’autres m’ont invité à faire preuve de vigilance car selon eux, je risque d’être une cible des gros poissons de la corporation. « Mon frère, au Togo quand tu parles de ces choses sérieuses, on te prend pour un syndiqué, tu deviens une cible, fait attention à toi », m’a fait savoir un confrère. « Narcisse, tu as bien fait d’illustrer ce côté palpable de la presse togolaise, on doit faire quelque chose pour changer les choses » a salué un autre. « C’est bien de fustiger et interpeler sur nos conditions par écrit, mais après, il ne va rien se passer malheureusement », a laissé entendre un autre confrère.
Donc c’est un crime de parler des conditions de vie et de travail des journalistes au Togo ?? Ou sont les recommandations issues des états généraux de la presse ?? Le comité de mise en application de ces recommandations est où ?? C’est un mépris à l’égard des journalistes ne pas fait de la Convention Collective une réalité au Togo.
La presse togolaise est comme le Pouvoir qui dirige ce pays. Quand les gros poissons de la corporation sont un peu critiqués, ils prennent des dispositions pour décourager celui où ceux qui jouent à l’éveil de conscience de leur confrères. Leur mode d’action, il faut le dire, déconcerte les employés qui sont obligés de se ranger pour ne pas se faire avaler. Or, nos patrons sont de bons donneurs de leçon à Faure Gnassingbé au quotidien sur les chaînes radios et télés. Cette situation est au mépris de toutes les dispositions susceptibles de rendre la presse togolaise plus démocratique où les employés peuvent réclamer de meilleures conditions de vie et de travail pour une presse plus professionnelle. C’est dans ce ‘Guatanamo’ que les journalistes togolais travaillent. Le SYNJIT en est victime aujourd’hui ; il s’est vu simplement verrouillé toutes les portes lui permettant d’avoir le financement pour mener ses activités. Durant ces trois dernières années, aucune activité du SYNJIT sur le terrain simplement parce que c’est un syndicat. Je me demande si c’est uniquement au Togo que nous-mêmes journalistes déployons autant de force pour nous détruire. Il suffit qu’un journaliste apprenne la présence de son confrère auprès d’un partenaire, il invente des histoires rocambolesques sur lui dans le seul but de détruire son image auprès de ce partenaire, même si le saboteur ne gagnera rien à la fin. Cet esprit de sorcellerie nous anime tellement dans notre corporation. C’est difficile pour nous de dire du bien de nos confrères derrière eux.
Tout le monde fait peur à tout le monde. Pendant que le seul syndicat susceptible de sauver les employés est à l’agonie, faute de moyens, les autres organisations de presse multiplient les actions et formations. Même celle où on ne connaît qu’un seul individu qui représente l’organisation partout, arrive à avoir des financements pour former les journalistes et payer aux participants 3000f par Flooz ou T-money après des courses-poursuites derrière lui et voire après des jours d’insistance des fois. Il faut être persévérant pour l’avoir ce Flooz ou T-money.
Le SYNJIT étant privé de moyens, les membres se sont fixé une autre mission, celle d’exposer les lacunes des autres confrères, les manquements sur la une des journaux, remettre en cause le travail des autres. C’est notre nouvelle mission désormais à défaut d’avoir les moyens pour agir en faveur des employés. En outre, chacun s’occupe allègrement de son réseau dans son coin. La réflexion sur la vie du syndicat et des actions collectives à mener ne fait plus partie de notre vocabulaire. Une situation qui dépasse le Secrétaire général dont la velléité est de lâcher l’affaire comme les membres de son bureau. Ainsi va notre Synjit.
Même problème pour l’ATOPPEL qui au lieu de fédérer les énergies pour que la presse en ligne soit plus souveraine, structurée et plus professionnelle, préfère se livrer à de petites guerres en interne. Le Président qui se voir délaisser par les membres de son bureau et à l’impression qu’une cabale se prépare contre lui. Le bureau quant à lui pense que son président respire un peu trop le « bitos ». Du coup l’ATOPEL trottine.
Chaque 3 mai, je prends mon bâton de pèlerin pour attirer l’attention des uns et des autres sur l’indifférence des organes, relativement au sujet lié à la vie des journalistes au Togo, leurs difficultés et ce qu’il faut pour trouver des solutions idoines. Le sujet reste tabou et cela a été confirmé encore une fois cette année. Les employés ont plutôt choisi de faire la propagande de l’élection du nouveau bureau du CONAPP comme si cette organisation pensait vraiment aux employés. Le CONAPP est comme un « couvent » comme l’a souligné M. Gérard Weissan, un homme respectable et respecté que personnellement je n’ai pas encore rencontré. Le seul but du CONAPP est d’agir en faveur de ses hommes et leur entreprise, autrement dit, les patrons de presse et la noblesse de leur organe.
La Convention collective sectorielle n’est pas sa priorité. Chers confrères journalistes, on ferait mieux de nous organiser en tant qu’employés nous aussi. Ayons le courage de nous mettre ensemble pour une unicité d’action afin que les reporters cessent de courir derrière les reportages sans y être invités. Sur les lieux de reportages, certains ont juste le flair de détecter la liste où émarger et faire de même pour ceux et celles de leur réseau qui ne sont pas encore présents sur ce reportage. On se dépêche de leur faire signe pour qu’ils arrivent le plus tôt possible afin d’avoir les perdiem (souvent des miettes) qu’on sert sur le terrain de reportage. Un comportement qui à la limite frise le ridicule et peint la précarité dans laquelle nous sommes et donne l’opportunité aux organisateurs de n’avoir aucune considération pour la presse privée. Le manque de respect des organisateurs envers la presse privée se manifeste aussi dans les localités reculées (intérieur du pays), où on voit les médias de ces zones ne pas être associés aux activités majeures qui s’y tiennent. On leur sert avec tout le dédain possible que seuls les médias d’état sont pris en compte. L’exemple de la présence du Chef de l’Etat, Faure Gnassingbé à Anfoin le 15 mai dernier en est une preuve.
Notre silence coupable et notre incapacité d’agir nous enlisent davantage dans notre souffrance. Chers confrères et consœurs, cessons d’être hypocrites et organisons-nous. Au lieu de nous adonner à des petits commérages sur les autres sur le lieu de reportage, ou de penser à leur nuire, nous ferions mieux de prendre conscience de notre situation, de sortir de l’inaction pour enfin opter pour des actions communes. Nous méritons notre situation due à notre refus de donner une impulsion nouvelle à notre corporation. Aucun sacrifice ne serait trop grand et à quelque niveau que ce soit, pour juguler les différents problèmes de la presse togolaise. Les défis sont pluriels, pressants et nous obligent à agir en n’utilisant nos moyens. C’est la condition sine qua non pour nous sortir en tant qu’employés de nos conditions de travail et de vie exécrables.
On travaille sous pression au quotidien en tant que journaliste, animateur, technicien, cameraman, monteur, avec des heures supplémentaires mais on a du mal à nous soigner une fois qu’on tombe malade. Le salaire étant une denrée rare dans le journalisme au Togo, difficile d’avoir la sécurité financière et de se prendre en charge comme cela se doit. Est-ce que vous savez qu’il y a des patrons de presse, promoteurs de radio et télé qui sont souvent inquiets quant leur employé s’habille un peu trop bien ?? Comme si le journaliste togolais ne mérite pas d’étre présentable comme un homme d’affaire.On nous préfère vulnérable pour que le vent nous emporte à tout moment. Je m’incline devant la mémoire du désormais ex-confrère Éric Viotor, technicien à radio Victoire FM qui a rendu l’âme le mois passé, suite à une courte maladie. Dieu seul et sa famille savent les réels faits. Nous sommes condamnés à poser des actes concrets ensemble pour que les journalistes togolais ne quittent plus ce monde faute de moyens pour se soigner ou survivre. Le cas de notre ex-confrère Tanko est encore dans les mémoires de ceux qui l’ont connu. Je parie que certains l’ont déjà oublié. L’heure a sonné pour nous tous les journalistes de fédérer pour une fois les énergies pour sortir la presse togolaise du gouffre. Chacun doit faire taire les divergences et réfléchir pour le bien de tous, car la vie est trop courte pour que l’individualisme soit notre mot d’ordre. En moins de cinq mois, on a perdu quatre confrères. Qui pouvait imaginer que Junior Amenuya alias ‘Ezobibi’ partirait suite à une crise dans la matinée du 15 mai dernier ?? Gilbert Nkounou jeune animateur à radio Lomé vient de nous quitter dans la matinée de ce 24mai après être alité durant quelques jours.On se rappelle de Mathias Bakpassi, un ex confrère technicien à radio Lomé, un gar calme souvent sur le lieu de reportage,qui aussi est parti en début d’année après une courte maladie. C’est dire que Tout est vanité, on ferait mieux de vraiment nous aimer et chercher à sauver la corporation.
Ce soir, nous serons tous au T des Médias, une très belle initiative de David Baini Djagbavi. Le promoteur a réussi le pari de réunir tous les journalistes autour de ce projet lors des premières éditions. Nous souhaitons que le T des Médias soit vraiment pour tous les journalistes et non pour certains qu’on choisit pour défiler juste parce qu’ils seraient des hommes de médias les plus connus. C’est frustrant de voir une même tête défilée deux ou trois fois pendant qu’il en a qui sont sûrs de ne jamais faire partie des 25 journalistes retenus chaque année. Et puis, il serait mieux que David Baini Djagbavi laisse la présentation de la soirée carrément aux autres confrères. C’est plus intéressant si mon grand-frère se met dans un beau costume et après son mot de bienvenue, prend place parmi les officiels pour suivre tranquillement sa soirée.
Que Dieu nous donne l’intelligence et la sagesse afin que chacun soit sensible à nos conditions de vie et de travail et décide enfin de faire sa part pour que ça change. Il faut que ça change ! Les journalistes togolais doivent vivre de leur métier. Tout dépendra de chacun de nous. Tant que nous serons silencieux, rien ne bougera. Les employés seront toujours exploités, chacun trouvera comme solution avoir son propre organe et les problèmes nous rattraperont à chaque fois. À cette allure, même la vendeuse de bouillie au bord de la route aura son propre organe à elle.
Que Dieu bénisse la presse togolaise !!!
Tous au T des Médias ce soir à l’Institut français de Lomé.
La rédaction
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